La vie d'un grand maître : Wang peisheng (deuxième partie)
Yang yuting était le principal disciple du grand maître Wang maozhai. Il devait succéder à son maître pour représenter le style wu (Wu jianquan) de taijiquan dans tout le nord de la Chine. Il forma, de son vivant, des milliers d'élèves sur plus de sept générations et Wang peisheng fit parti de son premier groupe de disciples internes. A cette époque, Yang enseignait également à l'institut de taijiquan de Taimiao. Le temple deTaimiao était le mémorial ou les empereurs des dynasties Ming et Qing étaient venu honorer leurs ancètres. Ce lieu devint par la suite le Palais culturel des travailleurs.
Le maître qui dirigeait l'enseignement à Taimiao était Wang maozhai, disciple du fondateur du style Wu de taijiquan (de Wu jianquan), le réputé Wu quanyou. Tous les matins, des centaines de gens venaient à Taimiao pour pratiquer et Yang yuting y emmena le jeune Wang peisheng qui, après un an seulement, assistait déjà son maître dans son enseignement.
"A cette époque, je m'entrainais très durement. Je me levais tous les matins à 4 heures et pratquais tout ce que j'avais appris, puis je partais pour le temple Taimiao sur le coup de six heures. Là, je guidais quelques élèves dans leur pratique de l'enchainement puis on faisait tuishou. Je devais faire tuishou avec trente ou quarante personnes différentes, tous les jours. Certains d'entre eux étaient jeunes et forts, d'autres étaient vieux et faibles et certains d'entre eux avaient un très bon gongfu. C'était vraiment un très bon entrainement pour moi : différentes personnes avec différents style et qui vous ammenaient différents problèmes à résoudre. Pour les jeunes et forts, je devais me relacher et pour les anciens, je devais faire attention à ne pas y aller trop fort ou les blesser."
Wang peisheng projetant un élève dans l'exercice du tuishou
Pendant 5 années, Wang peisheng se consacra corps et âme à l'art martial. "J'étais peut être un peu fou à cet époque. Je me souviens que tous les matins, c'était la première chose à laquelle je pensais. Lorsque je marchais dans la rue, je m'imaginais en chevalier errant des temps anciens (personnage représentatif de l'art martial dans la littérature chinoise) marchant seul dans la montagne. Quelle que soit la personne qui s'approchait de moi, j'imaginais toutes les façons dont elle pourrait m'attaquer par rapport à la position qu'elle tenait ainsi que toutes les façons de me défendre que je pouvais envisager." Maître Wang avoua un jour qu'une telle période était surement nécessaire dans la vie de quelqu'un qui veut atteindre un haut niveau de pratique.
Maître Wang a également réalisé très tôt que parvenir à une grande réalisation dans cet art ne demandais pas seulement de s'exercer beaucoup et avec une grande implication. Il faut exercer l'intellect autant que le corps. Il était toujours extrêmement attentif à tout ce qu'on lui montrait, se posait beaucoup de questions et en posait également beaucoup à ses maîtres. C'était un peu comme un jeu de puzzle pour lequel il se creusait la tête tant qu'il n'avait pas réuni toutes le pièces et qu'il n'abandonnerait pas tant que le tableau ne fut pas complet. Il se disait que "Nous avons tous deux bras et deux jambes, alors qu'est ce qui fait que dans un combat, l'un va rester debout immobile et les autres vont finir étalés sur le sol ? "
Wang maozhai, disciple de Quan you
Comme il n'avait pas peur de se mesurer à d'autres, Wang peisheng fit de nombreux combats, même très jeune et, à l'age de quinze ans, il avait déjà vaincu nombreuses personnes dont quelques experts. Ces dispositions au combat attirèrent l'attention de Wang maozhai.
Wang maozhai avait étudié le taijiquan auprès de Wu quanyou, un des meilleurs élèves de Yang luchan et disciple de son fils Yang banhou. Bien qu'ayant étudié le taijiquan depuis son enfance, Wang maozhai n'atteignit son très haut niveau qu'à l'age de 52 ans. Alors qu'il avait entreprit un voyage dans sa campagne natale, il observa un groupe de maçons qui travaillaient sur une maison et eut la révélation qui le rendit invincible à son retour à Pékin. Après le départ de son condisciple Wu jianquan (fils de Wu quanyou) à Shanghai, les gens parlèrent d'eux comme de "Wang au nord et Wu au sud".
(A suivre..)