Témoignage sur Wang xiangzhai : Mi jingke (première partie)

En 1954, Mi jingke, apprend qu'elle souffre de problèmes de vue importants. Ceux-ci lui empêchent toute activité et l'oblige au repos total. A cette époque, la capacité de son oeil droit est de 0,1 dixième et, pour son oeil gauche, de 3 dixièmes. Les différents hopitaux qu'elle fréquente à l'époque à Pékin n'arrivent pas à résoudre ni à trouver l'origine du problème.

En 1957, des connaissances lui proposent de l'emmener au parc Zhongshan apprendre le zhanzhuang. Ayant pratiqué les arts martiaux dans son enfance, elle accepte alors la proposition. Lorsqu'elle arrive sur place, plus de 200 personnes s'y entraînent, les bras levés haut pour certains, plus bas pour d'autres, certains autres encore ayant les mains dans le dos. Au milieu, une personne d'environ soixante dix ans les corrige dans leurs postures. Lorsque Mi jingke demande de qui il s'agit, on lui répond : "C'est maître Wang xiangzhai."

Plus tard, une de ses amies l'emmène voir le maître pour lui présenter. Elle lui explique alors ses problèmes de vue et Wang xiangzhai la place dans une posture. Mi jingke reste 20 minute sans bouger avant que le maître ne revienne la voir. Il lui dit alors : "Ta vue est mauvaise, je vais te guider un peu." Et, tout en lui parlant, le maître Wang xiangzhai place ses mains dans le dos de la nouvelle élève, exécutant quelques mouvements pour "la guider".

Mi jingke explique dans son livre qu'à ce moment, elle ressentit une grande force et un profond relâchement dans tout son corps. Elle resta alors 20 minutes supplémentaires dans la posture avant que le maître ne revienne la voir et recommence les mêmes gestes. Bien que fatiguée par la posture, éprouvante, lorsque le maître passe ses mains dan le dos de Mi jingke, celle-ci éprouve, à nouveau, un grand relâchement et une force nouvelle, qui lui permettent de tenir la posture encore 15 minutes supplémentaires.




Wang xiangzhai, au parc zhongshan dans les années 50






Après la pratique, en rentrant chez elle ce jour là, le soleil ne l'aveugle pas comme d'habitude.

Mi jingke avoue dans son livre que, les pratiques de yangsheng n'étant pas très connues en cette époque des années 50, elle n'a pas voulue croire de suite au bien fondé du zhanzhuang, bien qu'ayant, en fait, resssenti les premiers effets de l'entraînement dès le premier jour...

Mais elle avait tout de même trouvé étrange cette façon dont le maître Wang xiangzhai l'avait éffleuré avec les mains et que cela ait pu avoir un effet bénéfique sur sa vue.

Après avoir parlé de ses doutes avec sa famille et ses amis, ceux-ci lui conseillèrent de continuer cette pratique, même si elle n'y croyait pas trop puisqu'elle lui faisait du bien.

A partir de ce moment, Mi jingke a donc commencé à pratiquer sérieusement et a décidé que si le maître lui demandait de s'entraîner 3 fois par jours, elle suivrait ses conseils sans broncher. Elle ne serait satisfaite que lorsqu'elle aurait retrouvé une vue correcte. Et, lorsqu'elle parvint, après quelques temps, à "concentrer son esprit et fixer son attention", comme lui demandait de le faire le maître, sa vue s'était déjà quelque peu améliorée...






Mi jingke, en posture jijizhuang





Elle se posait encore, cependant, des questions sur ce type de guérison ainsi que sur le maître Wang xiangzhai. Elle décida donc un jour de poser quelques questions à une autre élève, plus avancée, lui demandant, nottamment, si le maître était taoïste. Comprenant immédiatement le sens de sa question, l'élève lui répondi que le maître était plutôt dans la pratique taoïste du poing et de la paume. Lui expliquant, alors, que Wang xiangzhai était un maître de l'art de la boxe et que là était son taoïsme. Elle lui dit également que ceux qui pratique la boxe ne croient pas aux esprits et aux mystères, ni aux fables et au charlatanisme.

Au bout de 4 mois, les yeux de madame Mi jingke avaient récupéré 4/10e et 9/10e. Elle pouvait à nouveau lire, écrire et donc recommencer à travailler à sa plus grande surprise !

Sans comprendre comment elle avait pu être guéri par le zhanzhuang au bout de quelques mois alors que tous les hopitaux de Pékin qu'elle avait fréquenté avaient été sans remède, elle continua à s'entraîner chaque matin au parc zhongshan avant d'aller travailler.

Elle posait souvent des questions au maître, essayant de comprendre, mais les réponses étaient toujours les mêmes : "Arrêtes de poser des questions, si je te répondais tu ne comprendrais rien. Pratiques et tu comprendra par toi même !" Et il parlait alors de choses dont elle ne saisissait rien, comme s'il s'adressait à elle en une autre langue.

Un jour ou elle regardait deux camarades pratiquer le tuishou, elle voulu également essayer et le maître l'apperçu. Il lui demanda alors ce qu'elle était venu apprendre. Mi jingke répondit qu'elle était venu pour soigner sa vue mais qu'elle aimerait également en apprendre plus. Le maître lui dit à ce moment : "Ta cessité occulaire a diminué, mais tes yeux ont-ils maintenant du gongfu ?" Tant que tu n'aura pas développé une habilité, continue de pratiquer le zhanzhuang et ne suit pas les idioties des autres ! "

Elle se demanda alors s'il était possible de développer du gongfu avec les yeux. Et, finalement, elle repris son entraînement habituel.

Quelques jours plus tard, lorsque le maître Wang xiangzhai lui demanda à nouveau si ses yeux avaient maintenant du gongfu, elle lui demanda quel genre de gongfu on pouvait developper avec les yeux. Cette fois ci, le maître lui expliqua quelques méthodes d'entraînement ainsi que leurs sens :

"A partir de demain, tu va pratiquer tous les jours aux aurores pendant une demi-heure les yeux fermés. Ensuite, tu vas ouvrir grand les yeux et, tout en les gardant relâché, tu vas fixer un arbre devant toi. Tu dois pratiquer jusqu'à ce que tu ressentes que tu es connecté au Qi de l'arbre. Lorsque tu parviendra à ce stade, tu auras ouvert les portes du grand gongfu ! "

A l'époque, Mi jingke ne compris pas l'expression que le maître avait employé pour parler de l'énergie de l'arbre (daqi = le grand qi). Il lui expliqua alors qu'il s'agissait, en fait, de l'oxygène qu'expulse l'arbre dans l'air.







Mi jingke, en posture zhanzhuang les yeux fermés






Madame Mi jingke s'est demandé, à ce moment, s'il était véritablement possible de voir l'oxygène sortir des feuilles des arbres !

Le lendemain, elle s'entraina donc très dur face à un arbre mais ne vit, bien sur, rien du tout. Elle se demanda alors si elle avait bien compris les propos du maître et alla voir une autre élève, plus avancée, pour lui demander son avis. Celle-ci lui répondit qu'elle n'avait jamais vu cela mais que si le maître Wang xiangzhai lui avait conseillé de pratiquer de la sorte, elle devait le faire et persévérer car tout ce qu'il disait avait un sens. Ainsi, elle s'entraîna de cette façon sans vraiment y croire.

Après encore quelques mois à ce régime, alors qu'elle s'entraînait un matin au parc zhongshan près de Houhai tournée vers le nord, le yeux fermés, elle ouvrit lentement les yeux après une demi-heure de pratique et percevit enfin un voile entourant l'arbre.

Maintenant, son problème était de se sentir connecté à celui-ci. Elle retourna donc demander son avis au maître. Celui-ci lui expliqua à ce moment comment utiliser les yeux pour, petit à petit, "tirer" le qi de l'arbre et le renvoyer, en utilisant l'intention. Après un court temps de pratique, elle arrivait à avoir cette sensation et s'en alla le raconter au maître qui en fut très content.



Wang xuanjie, à l'age de 28 ans, pratiquant la posture "tenir un bébé" en tirant et poussant avec tout le corps et les yeux



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