L'épée chinoise (première partie)

De toutes les armes, l'épée est celle qui fascine le plus les chinois.
Les premières épées fabriquées par la civilisation chinoise remontent aux Shang (env 1500 - 1045 av J.C) et Zhou (1045 - 256 av J.C), il s'agit alors d'armes de bronze. On la retrouve, ensuite, couramment associée au Taoïsme au court de l'histoire. Elle y a une valeure symbolique et de nombreux pouvoir magiques lui sont conférés.

Cette fascination pour la forge existe dans toutes les civilisations : La naissance de l'objet en métal, issue de la terre et créé par l'homme grace à l'eau et au feu (alimenté par le bois et l'air) relève souvent du rite chamanique. C'est dans ce contexte que nait également l'alchimie, fondée sur les mêmes principes de transformation. Marcel granet dans son ouvrage "Danses et légendes de la Chine ancienne" (Paris, 1928) parle du Taoïsme en disant qu'il "remonte jusqu'aux confréries de forgerons, détentrices du plus préstigieux des arts magique et du secret des premières puissances"...



Epées chinoises anciennes, collection privée d'alexander Tse




Dans la Chine ancienne, l'épée était utilisée dans des rites d'exorcisme : Une "danse de l'épée" (jianwu) rituelle permettait de chasser les mauvais esprits. Parmis les anciennes pratiques chamaniques (qui donnèrent naissance à ce que l'on nomme aujourd'hui le Taoïsme), cette danse de l'épée pourrait être une explication à un rapprochement, à des époques plus récentes, entre les exercices ésotériques du souffle et l'escrime ...

Plus tard dans l'histoire de la Chine, sous la dynastie Tang ( 618 - 907) les danses de l'épée réapparurent sous forme de représentation chorégraphiée. A cette époque, la légendaire danseuse Gong sun fascinait tellement son audience par la virtuosité de ses mouvements qu'elle inspira un poème au célèbre Du fu. Ce type de danse est encore présent de nos jours, d'une certaine manière, dans les représentation d'opéra traditionnel.





Le vénérable Guo gaoyi démontrant l'épée de Wudang de l'école taiyi xuanmen





Sous les Ming, le ji xiao xinshu, le traité pour une nouvelle efficacité militaire, du général Qi jiguang donne quelques indications importante sur la forge des armes de guerre et leur utilisation.

Dans les esprits commun, le mythe du chevalier errant (wuxia) est toujours associé aux anciennes traditions chinoises, véhiculées par le taoïsme. En cela, la réputation de l'épée de Wudang est sans équivalent. Mais, si les termes généraux "épée de wudang" ou "boxe de wudang" sont souvent utilisés, et même par des maître de l'art martial, les écoles se rattachant au monastère sont, en réalité, nombreuses.



Démonstration d'une forme à deux à l'épée de Wudang par Li tianji, élève de Li jinglin





Li jinglin fut très certainement un des derniers maître épéiste à être considéré comme un de ces "chevaliers" des mythes populaires. Général des armées du Shandong et du Hebei sous le gouvernement nationaliste, il fut nommé vice-président de l'académie national des arts martiaux.



Le général Li jinglin



Grand maître de l'épée de Wudang, qu'il détenait du légendaire Song weiyi, il enseigna son art de l'escrime à de nombreux experts dont les noms sont restés dans l'histoire. Song weiyi, quand à lui, fut un de ces mystérieux personnages dans l'histoire des arts martiaux : Dong haichuan (fondateur du baguazhang) aurait reconnu venir de la même secte taoïste que lui. Cette annecdote, très prisées des historiens, rattacherait l'art du baguazhang à un temple taoïste dont les maîtres de Song weiyi et Dong haichuan furent deux frères-moines. L'origine de "l'épée de wudang" enseigné par Song weiyi à Li jinglin pourrait bien être l'épée Kunwu (Kunwu jian).



Démonstration à deux de l'épée Kunwu par le maître Taiwanais Dai shizhe





A suivre...

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