Interview de Cui ruibin (1ère partie)

L'interview qui va suivre a été initialement accordé en chinois lors de la commémoration du vingtième anniversaire de la mort de Yao zongxun, le 11 janvier 1985. Monsieur Cui ruibin a, alors, accepté de répondre à une longue série de questions sur l'enseignement de son maître, évoquant par la même occasion plusieurs annecdotes intéressantes. Extrêmement longue (plusieurs pages) je ne vous propose ici que des passages selectionnés de cette interview que j'ai traduit de l'anglais (trouvée sur le net, auteur inconnu) en m'appuyant sur l'interview originale en chinois.




Question : Quand avez-vous débuté l'étude du yiquan sous la direction de monsieur Yao zongxun ?

Cui ruibin : J'ai eu mon premier contat avec le yiquan en 1968, mais, à ce moment, je n'étudiais pas encore avec Maitre Yao. J'ai d'abord appris avec Li zhiliang ( Le frère de Li yongzong) également connu sous le nom de Li yongliang, que j'avais rencontré grace à un camarade de l'école ou j'étudiais alors. Les frères Li étaient des élèves de Wang xiangzhai et avaient l'habitude de passer du temps chez Yao zongxun. J'ai étudié avec Monsieur Li pendant près de 4 années.




Li yongliang, frère de Li yongzong et disciple de Wang xiangzhai





Q : Qu'avez-vous pratiqué sous la direction de Monsieur Li ?

CRB : Nous pratiquions un peu de tout, les cinq techniques du Xingyiquan (Pi, Zuan, Beng, Pao, Heng) entre autres, j'ai pratiqué ainsi jusqu'à ce que je commence à travailler en 1972. En 72, je suis allé à Dalian pour m'y entrainer et on pratiquait déjà zhanzhuang à cette époque, d'ailleurs, mais il était quand même différent de celui que j'ai appris avec maitre Yao. Et quelques jours après mon retour à Pékin, zhang xiangheng m'a téléphoné pour me dire qu'il avait trouvé un bon professeur. Et donc, nous voilà parti à vélo, Zhang xiangheng, Zhang hongcheng et moi, pour nous rendre à Cuicun, dans le district de Changping, pour rendre visite à maître Yao. Dès que j'ai vu maître Yao, ce fut la révélation : il était exactement l'incarnation du maître d'art martiaux tel que je l'imaginais dans mes rêves, hormis le fait qu'il était imberbe !
J'ai voulu faire la cérémonie traditionnelle "baishi" et maître Yao m'a dit : "Le koutou (frapper la tête au sol 3 fois en signe de prosternation) ne se fait plus, tu n'as qu'a t'incliner trois fois en restant debout et ça ira." (NDLR : En 1972, la Chine est encore en pleine révolution culturelle et la tradition n'est pas bien vue). Maître Yao zongxun vivait alors à la campagne, à Cuicun, parcequ'il y avait été "envoyé" et était encore surveillé.

Q : Après être devenu disciple du Maître Yao, l'avez-vous annoncé à Monsieur Li ?

CRB : Ca n'a pas vraiment plu à monsieur Li et, lorsque maître Yao s'en est rendu compte, il lui a écris une longue lettre, lui expliquant qu'il m'avait pris pour disciple de manière formelle et qu'il n'y avait donc pas a en être vexé. Après cela, j'ai rendu visite à Li yongliang tous les an pour la nouvelle année. Comme la femme de monsieur Li était la soeur de Hong lianshun, je l'appelais ma tante (NDLR : Hong lianshun, disciple de Wang xiangzhai, fut le premier professeur de Yao zongxun).






Cui ruibin en posture xianglongzhuang





Q : Combien de temps avez vous étudié sous la direction de Yao zongxun ?

CRB : J'ai débuté avec lui en 72, lorsqu'il était à la campagne et j'ai continué jusqu'à sa mort en 1985. Pendant ces 13 années, il y a eu 4 périodes. La première, lorsque j'apprenais en secret à la campagne. La deuxième, lorsqu'il retourna à Pékin, la classe était semi-publique. La troisième, les cours à Pékin devinrent vraiment publique. Et puis, la quatrième période, lorsque maître Yao commença à enseigner au stade de Nongtan, avec l'appui de l'institut de recherche de la commission pour l'éducation physique.

Pendant cet première période, Cui ruibin allait voir Yao zongxun à la campagne un week-end de trois jours tous les mois et devais faire 4 heures de bicyclette pour s'y rendre. Au bout d'un moment il cessa d'y aller en vélo car le trajet était trop éprouvant et commença à prendre le bus. Il devait rester discret sur les raisons de ses visites et, après un moment, sur les recommandations de Yao zongxun, il décida de s'inscrire à la ligue des jeunes communistes. Ceci lui permis d'avoir plus de liberté et surtout de pouvoir éviter de répondre aux questions incessantes de cadres locaux de Cicun à chaque fois qu'il s'y rendait...








Extrait d'un reportage sur l'école de yiquan du maître Cui ruibin






Q : Qui d'autre pratiquait avec vous pendant la première période ?

CRB : Les matins et soirs, Rongzi (Yao Chengrong) et Guangzi (Yao chengguang) pratiquaient avec moi mais dans la journée, ils devaient aller travailler au champs. Donc, dans la journée, j'était seul avec maître Yao...
...Maître Yao vivait dans une petite maison trois pièces orientés vers le nord et une petite orienté vers l'est. Nous dormions à quatre (Mr Yao, sa femme, chengguang et ruibing) sur un même Kang (lit en bois traditionnel, sorte d'estrade). Guangzi et moi nous partagions la même couverture, les pieds de l'un faisant face au visage de l'autre. Pendant, ces 7 années à la campagne, j'ai dormis avec guangzi sous la même couverture !



A suivre...

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