Les étirements dans le zhanzhuanggong


Le zhanzhuang ou "posture de l'arbre" est considéré en Chine comme l'exercice de base de nombreuses écoles. Ce travail permet de "préparer le corps et l'esprit" à l'apprentissage de l'art martial et contient différents exercices regroupé au sein d'une seule pratique. L'aspect méditatif est en lien avec l'école Chan du bouddhisme, puisqu'il s'agit alors de rechercher "l'oublie de soi" et la fusion avec l'environnement extérieur.

Dans les écoles traditionnelles japonaises, il est souvent fait référence au Zen, branche japonaise du Chan. Selon la plupart de ces écoles, il est indispensable de parvenir à un état d'esprit vide, dans le but de ne plus craindre la mort lors d'un affrontement. Cet enseignement n'est sans rappeler que l'origine de l'art martial se trouve sur les champs de bataille féodaux...

Outre l'aspect méditatif, le zhanzhuang contient un important travail postural. La pratique de cet exercice sur le long terme permet de modifier les connections entre les différents segments corporels par un assouplissement de certains tendons et muscles, notamment aux jonctions tronc-membres. Un pratiquant confirmé va, ainsi, posséder quelques particularités physiologiques, en rapport avec ces étirements. Ce sont d'ailleurs ces "qualités physiques" qui doivent permettre au pratiquant de yiquan de dominer une force adverse sans utiliser la force musculaire, mais plutôt par le placement du corps ainsi que les déplacements.




Wang shangwen, disciple de Wang xuanjie, montre comment gérer la force adverse par le placement dans l'exercice du tuishou





Le yiquan utilise parfois une maxime provenant du xingyiquan, boxe chinoise dans laquelle il puise ses racines, pour évoquer les différentes qualités qui doivent être recherchées par le pratiquant : Dos de tortue, épaules d'ours, yeux d'aigle, déplacements de coq, tête rentrée de tigre !

Le dos ou carapace de tortue (guibei), fait référence à l'étirement des épaules qui permet de rentrer le sternum. Cet étirement est une condition nécessaire à une connection "bras-tronc" correcte, c'est à dire qui va permettre aux bras d'être quasi-directement reliés à la colonne vertébrale et donc de renvoyer la force adverse dans le sol via cet axe gravitaire. Lorsque cet étirement est visible, le sternum se vide et le dos s'arrondi, donnant cet impression de dos vouté ou de "dos de tortue". Impression d'autant plus prononcé que le pratiquant doit également avoir la tête rentré entre ses épaules, tel le tigre lorsqu'il guette sa proie.








Sternum vidé par l'étirement des épaules





"Dos de tortue" : le maître Li jianyu





Les épaules d'ours font référence, non pas à des épaules levées - elles doivent être impérativement relachées - mais à la façon de bouger de cet animal. L'ours fait bouger ses épaules et ses hanches en même temps et non de manière antagoniste et donc tout son corps bouge d'un seul bloc sur les mouvements de rotation.

Les yeux d'aigle ne font pas uniquement référence à la vue remarquable de ce rapace qui peut repérer sa proie à des kilomètres de distance. Il s'agirait plutôt d'une façon d'étirer les muscles occulaires en pratiquant l'exercice de regarder au loin. Cet étirement possède une influence sur l'équilibrage des forces dans la partie suppérieure de la colonne vertébrale et notamment dans les bras qui y sont correctement reliés via les étirements précédents.

Enfin, le déplacement du coq, fait référence à la manière de porter le poid du corps sur l'axe gravitaire qu'est la colonne vertébrale en utilisant les hanche et non les jambes pour se déplacer. En posture statique, ce positionnement se traduit par un bassin légèrement en retrait qui permet de connecter le tronc aux jambes via les muscles profond de l'ilio-psoas et non par l'intermédiaire des muscles des jambes.



Déplacement de coq par Sha guozheng du xingyiquan, notez le placement du bassin

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