Histoire de l'art martial : L'art militaire.
Le jixiao xinshu (Nouveau traité sur l'efficacité d'une armée), qui aurait été compilé par le général Qi jiguang en 1562, donc sous les Ming, présente un recueil de techniques puisées dans différentes boxes. Sa fonction fut de former les soldats au combat. Il semblerait qu'à cette époque, l'art martial fut totalement dépouillé de quelconques notions de spiritualité. Il s'agissait alors de techniques pratiques, guerrières, dont la fonction était de servir au champs de bataille.
Techniques au baton du Wubeizhi (1621)
Le professeur Meir Shahar, de l'université de Tel Aviv, explique dans son ouvrage "The Shaolin monastery : History, religion and the chinese martial art" (University of Hawai'i press, 2008) que de son époque, le général Qi jiguang avait déjà fait une critique de la boxe chinoise, au sein de laquelle il voyait un manque de réalisme dans certaines postures, trop axées sur l'esthétisme. Il s'expose en ces termes : "Sans posture ou technique précise, vous serez efficace avec un seul mouvement. Mais si vous commettez l'erreur de faire des postures et des pauses précises, vous n'aurez aucune effectivité, même en dix mouvements."
Monsieur Shahar cite également le professeur Douglas Wile. Celui-ci, dans un de ses ouvrages, citait Tang shunzhi (1507 - 1560) qui, dans son "traité sur les affaires militaires" (Wubian), s'était déjà exprimé en ces termes : "La raison pour laquelle il existe des postures dans l'art martial est de faciliter l'enchainement. Les formes contiennent des postures fixes mais, dans la pratique réelle, elles deviennent fluides, tout en conservant leurs caractéristiques dans la structure."
Un exemple illustrant parfaitement la façon dont se développèrent ces écoles de boxe est l'histoire de Chen wangting, considéré comme le "père fondateur" du taijiquan (même si le terme Taijiquan n'apparait dans aucun de ses écrits).
"Sous les Ming, Chen wangting avait officiellement été désigné comme inspecteur régional pour les régions du Shandong, Zhili et Liaodong. Il avait une expérience du champs de bataille, ayant combattu plusieurs fois en première ligne contre l'envahisseur mandchou aux frontières nord du térritoire. Après l'invasion des Qing en 1644, il se retira dans son village natal pour se consacrer au perfectionnement de sa technique à main nue."
Ainsi, l'ancètre de la boxe Taiji naissait à quelques kilomètres du monastère de Shaolin à l'époque même ou l'art à main nue commençait à y apparaitre.
Ainsi, par exemple, les postures Jingji duli (le coq d'or se tiens sur une patte), Fuhu (se pencher sur le tigre) ou bien encore xianlong (chevaucher le dragon) et qixing (les sept étoiles) faisaient toutes partie de la pratique enseigné par le général Qi jiguang à ses troupes. Ces même troupes défendirent le térritoire contre l'envahisseur mandchou avant la chutte de la dernière dynastie chinoise...
(A suivre...)