Yiquan : équilibre du xing et du ming
Le texte qui va suivre est un fragment de l'ouvrage de Han xingqiao, "Yiquan xue" ("L'étude du yiquan", traduction personnelle) que je trouve particulièrement intéressant. Rappelons que le maître Han xingqiao, fut un des premier disciple de Wang xiangzhai et qu'il vécu jusqu'à l'age de 96 ans...
"Entretenir le souffle vital (Yangsheng) et développer les capacités martiales (Jiji) sont deux grands buts des pratiquants de l'art martial (Quan). L'homme est doté d'un corps, lequel est au centre d'échanges permanents entre son environnement intérieur et son environnement extérieur. Afin de se préserver, l'être humain n'a de cesse de réguler l'état de son corps, il n'a de cesse de s'adapter en trouvant l'équilibre entre son corps et ces 2 environnements qui se trouvent de part et d'autre de celui-ci (à l'intérieur et à l'extérieur).
Han xingqiao, disciple de Wang xiangzhai, en posture "dompter le dragon"
L'environnement intérieur du corps humain, ce sont les 5 organes, les 6 entrailles, les 4 membres et les centaines d'os et articulations. Tout ceci doit s'adapter en permanence en s'accordant les uns aux autres et en trouvant un juste équilibre de fonctionnement. Un fonctionnement harmonieux inclut une capacité d'auto régulation et, donc, lorsque cet équilibre est rompu, pour une raison ou une autre, et que nait une maladie, le principe vital en reçoit de suite l'information et annonce que la vie est menacée...
L'environnement extérieur du corps humain, c'est la nature qui entoure l'homme et se changements ainsi que la société et tous les éléments négatifs qu'ils peuvent engendrer. Par exemple, une blessure, occasionnée par une chute, un empoisonnement due à une morsure de serpent, ou bien encore les horreurs d'un conflit à différentes échelles, où des groupes d'hommes s'entretuent. Dans les temps anciens, il était beaucoup plus évident que l'être humain devait véritablement "survivre" à cet environnement extérieur...
Démonstration de jianwu (forme libre) par le maître Han xingqiao
Pour la plupart des être humains, c'est par l'expérience de la vie que l'on apprend à s'adapter aux changements de ces deux grands environnements. Mais, afin d'apprendre à améliorer ces capacités d'adaptation, l'art martial (Quan) s'est développé sur la base de la double culture du yangsheng et du combat (jiji).
Ainsi, le maître fondateur Wang xiangzhai disait que le Yiquan était "une étude du xing et du ming" et l'a développé comme tel.
Il s'exprimait également en ces termes : "De quoi parle t'on lorsque l'on parle de l'art martial ? (NDT : ici, le terme employé est quan = boxe, art martial par extension) Il ne s'agit pas de l'art de faire un geste ou de prendre une posture mais il s'agit de l'art que l'on développe au plus profond de soi (NDT : ici il est fait référence à l'expression Quanquan fuyin = l'art martial véritable est dans notre coeur). Il faut développer cette idée à son paroxysme..."
A propos de la double culture du xing et du ming (xingming shuangxiu), à laquelle le fondateur faisait référence pour parler du Yiquan, on pourra trouver un éclaircissement à cette notion complexe, base de l'alchimie taoïste, chez le psychologue allemand Graf Dürkheim. Ce dernier, parle, dans sa psychothérapie initiatique, de "rétablir le lien entre l'être existentiel et l'être essentiel"...