Témoignage sur Wang xiangzhai : Li jianyu (première partie)


Le texte qui suit est traduit d'un passage du livre "shenyiquan, yangshengong" (La boxe de l'intention divine, travail de nourrir le principe vital), écrit par le maître Li jianyu. Dans un chapitre, écrit par la fille de Li jianyu,on peut entrevoir l'expérience de l'enseignement du fondateur du yiquan, le grand maître Wang xiangzhai, vu par son disciple.


Il y a quelques années, alors que je m'était rendu au parc Beihai avec mon père pour y pratiquer, je lui avait demandé comment il en était arriver dans le milieu du yiquan et sa réponse avait été la suivante :

Dans les années 30, il y avait un grand gaillard au visage basané qui s'appelait Hong lianshun. Il vivait, à cette époque, au centre d'arts martiaux de la caserne militaire de beiyang. Il pratiquait plusieurs écoles et était très fort pour le dahongquan.
Ce monsieur était réputé dans le cercle des amateurs d'arts martiaux pour ses profondes connaissances qui lui valaient un très bon gongfu.






Extraits d'une video de Li jianyu, produite aux Etats-unis




Une de ses connaissances lui avait dit un jour : "Ton gongfu est très bon, mais il y a une personne qui pratique le dachengquan du nom de Wang xiangzhai. Son gongfu est vraiment excellent et je ne pense pas que tu arriverais à l'égaler."

- A cette époque, le yiquan était ainsi nommé. L'idée de "dacheng" (la grande réalisation ou bien la grande compilation) étant de mettre en évidence la diversité des écoles que Wang xiangzhai avait réuni après ses périgrinations du nord au sud du pays. Ce nom ayant, par la suite, été utilisé par Zhang yuheng dans un article, Wang xiangzhai n'avait pu que l'accepter. Bien que l'idée n'avait pas été la sienne, le nom de dachengquan était donc resté. En revanche, Wang xiangzhai disait souvent à ses disciples : "L'étude de l'art martial (quanxue) est sans limite, comment pourrait-il donc y avoir un grand accomplissement ! ". C'est donc après la mort du maître que ses proches élèves ont décidé de réutiliser le nom de yiquan, le yi jouant une place prépondérante dans cette école, afin d'honorer la mémoire de leur maître. -

Hong lianshun, assez mécontent, ne pensait plus qu'à le rencontrer pour le tester et finit par se faire conduire chez lui.



Le maître Hong lianshun



Wang xiangzhai vit arriver chez lui un monsieur grand et imposant. Il lui demanda alors quelles étaient les capacités que sa pratique lui avait confié.

Hong lianshun répondit : "Je peux casser une brique en deux avec le tranchant de ma main."

Et Wang xiangzhai lui dit alors qu'il avait des briques dans son arrière cour et qu'il voudrait bien voir cela.

Hong fit sa démonstartion et cassa la brique nette d'un seul coup. Wang xiangzhai lui dit alors : "Pas mal. Mais ce gongfu n'est que partiel. Essaie de me frapper au ventre pour voir si ça marche autant."

Hong lianshun prévint alors Wang : "Puisque c'est vous qui me demandez de frapper, je n'irai pas de main morte ! "

Et Wang xiangzhai lui dit : " N'ai aucune crainte, tu peux y aller."

Hong lianshun attaqua alors d'un coup rapide, prévenant Wang après avoir démarré, et se fit tout de même projeter en arrière. Non satisfait, il voulu essayer à nouveau avec la technique Hubuzi (une technique du tigre en xinyiquan, très puissante). Wang xiangzhai lui répondit simplement qu'il n'y avait aucun problème.

L'attaque fut encore plus puissante et rapide. Hong fut, cette fois-ci, projeté sur le sofa, le brisant en atterissant dessus.

Wang xiangzhai lui dit alors : " Tous mes fauteuils t'attendent, si tu veux les briser ! " Hong se releva alors tout secoué et Wang lui dit que son gongfu était excellent et qu'il maitrisait parfaitement la technique hubuzi. Le grand gaillard se prosterna devant Wang xiangzhai et lui amena tous ses disciples pour qu'ils en fassent de même.

A l'époque, au environ de la place Tian'an men, il y avait un petit espace de verdure avec un arbre et Hong lianshun y pratiquait tous les matins. Il répétait à tous ceux qui l'interpelaient : "N'apprenez pas avec moi, mon gongfu est loin d'être accompli. Il y a un monsieur qui s'appelle Wang xiangzhai et qui pratique le dachengquan dont le gongfu est vraiment excellent. Si vous voulez apprendre, je vous emmène chez lui."

Mon père pratiquait les arts martiaux depuis son enfance et travaillait à cette époque à la banque centrale de dongjiao. Tous les matins, lorsqu'il se rendait au travail, il passait devant l'endroit où s'entrainait Hong lianshun et le trouvait très intriguant. Un jour, il s'arreta et lui dit : "Je souhaiterais apprendre. Pourriez-vous m'y emmener ?"

Hong l'ammena alors à Wang xiangzhai. C'était dans le quartier ouest de la vieille ville (xicheng), dans la ruelle qui s'appelle kuache (kuache hutong). A cette époque, maître Wang avait déjà pris Yao zongxun pour disciple et les cours avaient donc lieu dans la cour carrée (siheyuan) de Yao. Elle se trouvait tout près de la résidence du célèbre peintre Qi baishi. Cette cour carrée était assez grande et maître Wang avait donc décidé d'y enseigner à un groupe d'élèves chaque semaine à heure fixe. C'est ici que se présentèrent mon père et le grand Hong.





La résidence de Qi baishi à kuache hutong, de nos jours




Le maître vit arriver un jeune huimin (minorité chinoise musulmane) de 17 / 18 ans, habillé en costume et chaussures à l'occidentale, de petite taille mais au regard déterminé. Très heureux, il lui dit : " Bon, va pratiquer avec les autres."

Dans la cour, se trouvaient quelques disciples. Certains étaient en train de chercher à se déstabiliser mutuellement, poussant et frappant, dans l'exercice du tuishou. D'autres travaillaient des postures totallement immobiles.




Le maître Li jianyu, à l'age de 20 ans




Le maître Wang mit mon père dans une posture en le corrigeant sur divers points et lui dit : "Pratiques donc cette posture."

A ce moment, mon père ne savait pas encore qu'il s'agissait du zhanzhuang (posture du pieu), le travail de base du dachengquan. C'est ainsi qu'il démarra donc le long et lent travail du zhanzhuang et qu'il pénétra donc le monde profond du yiquan.

(A suivre...)

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