Témoignage sur Wang xiangzhai : Yu yongnian (Dernière partie)
Suite et fin du texte de Yu yongnian sur son maître Wang xiangzhai (traduit du chinois par emmanuel Agletiner) :
A cette époque, lorsque le maître parlait
de l’art martial, c’était très difficile de comprendre ce qu’il disait. Il
fallait au minimum plusieurs mois avant de comprendre ce qu’il avait voulu dire. On peut dire de cela que la théorie doit être éprouvée par le corps avant d’être véritablement
assimilée. Pour bien pratiquer, il faut s’entrainer sans relâche, bien
réfléchir à ce que l’on fait et il faut les indications précises d’un maître
pour qui tout est limpide.
Le maître Yu yongnian dans ses jeunes années, en posture xianglongzhuang
Par exemple, Wang xiangzhai disait parfois
que les shili étaient semblables aux mouvements d’un cheval à bascule sur
lequel s’amuse un enfant : Si le mouvement est trop léger, ça ne va pas et
si le mouvement est trop grand, ça ne va pas non plus. Quand on avait compris
ce qu’il voulait dire par là, il fallait encore y réfléchir sérieusement puis
pratiquer et pratiquer encore avant d’en tirer quoi que ce soit.
Wang xiangzhai et un groupe d'élève, Zhao daoxin est à la gauche du maître.
Une fois, j'ai
assisté à une démonstration des déplacements du Baguazhang par Zhao
daoxin. Ses déplacements étaient vivants, sa forme de corps était
particulièrement vive et déliée. Lui même était fin et élancé. Maitre Wang
xiangzhai disait à propos de ses 5 disciples qu'il avait renommé avec le
caractère Dao que daoxin était celui qui avait le mieux compris son
enseignement. A Tianjin, Zhang zhaodong avait laissé Wang xiangzhai choisir
quelques uns de ses propres disciples pour que cet échange leur permette de
s’enrichir mutuellement. A cette époque, il y avait une expression qui disait
« Les 10 merveilles de la ville de Tianjin » pour désigner 10 artistes
martiaux de la ville. Parmi ceux-ci se trouvaient déjà, notamment, Zhao daoxin
et Zhang entong. Et ces 10 élèves ont tous été encouragés par Zhang zhaodong à
se prosterner devant Wang xiangzhai pour suivre son enseignement. Il y a une
anecdote intéressante sur la façon dont maître Wang pris Zhao daoxin comme disciple.
Au moment ou le maître choisi ses élèves, Zhao daoxin venait de sortir. Se
trouvant derrière le maître, il étendit la main pour saisir sa
« robe » (qipao). Le maître eut une réaction spontanée et se retourna
très énergiquement, comme s’il avait senti qu’il se passait quelque chose
d’étrange dans son dos. Son mouvement projeta instantanément daoxin d’un Fali
qui l’envoya s’asseoir sur ses fesses !
Le jeune Zhao daoxin en compagnie du célèbre maître Zhang zhaodong de Tianjin
Après cela, Zhao
daoxin pris Wang xiangzhai pour maître et fit sa prosternation. Il ne
recommença jamais ce genre d’irrespect. Mais, parce qu’il avait compris
d’instinct que le maître utilisait son intention, il voulu essayer à nouveau
son Gongfu. Cette fois-ci il voulu voir ce que cela donnerait en face à face.
Il attendit que maître Wang se poste devant lui puis soudainement, il
tenta une projection en passant une main derrière un de ses talons tout en frappant de l’autre main sur ses genoux. A peine avait il eu touché les jambes de
maître Wang que celui ci explosa en un petit mouvement brusque et soudain qui
eut pour effet de libérer ses deux jambes de la prise et, en même temps, de
soulever tout le corps de Zhao daoxin dans les airs pour le faire retomber
brutalement. Cette fois-ci, daoxin avait été complètement convaincu par la
démonstration et, en se relevant, il se prosterna à nouveau devant le maître.
A entendre parler
maître Wang, de tous ses élèves, Zhao daoxin était celui qui avait atteint le
plus haut niveau de réalisation. Lorsque Wang xiangzhai parlait art martial
avec lui, il n’hésitait pas à mettre application ce dont il parlait tout en lui
expliquant. Dans un certain sens le fait de pouvoir dominer aussi facilement
Zhao daoxin était déjà un exploit en soi…