Histoire de l'art martial : L'antiquité (suite)

L'étymologie du caractère wu (武)est très souvent interprété de manière "erronée" et ce en raison d'un célèbre passage du shuowen jiezi, ouvrage considéré comme un des plus ancien dictionnaire chinois. Le passage en question est une citation faisant référence à un événement de l'histoire :
"Le roi Zhuang du royaume de Chu dit : l'empereur Wu termina son œuvre lorsqu'il rangeât les armes (les hallebardes), c'est pourquoi on utilise "arrêter" (déposer) et "hallebardes" pour écrire le caractère "guerre" (wu)."


De cette citation, a été extrait la dernière phrase qui a, en fait, un double sens. Selon le shuowen jiezi, le caractère wu (martial / guerre) prend tout son sens dans l'idée de "déposer les armes" (arrêter, stopper - hallebarde) qui serait l'ethymologie du caractère. En réalité, il faut noter un détail important de cette citation : Wu (武 / martial, guerre) est le nom du premier empereur des Zhou dont parle ce passage. Cette explication sert, en fait, a justifier le nom de l'empereur Wu (wudi) et son œuvre en minimisant le caractère guerrier qui pourrait lui être attribué. Car l'empereur "martial" (Wudi) su, en effet, prendre le pouvoir par
 les armes en combattant les Shang mais, en revanche, fonda son règne sur une conduite juste de l'empire et non sur des guerres incessantes...



Le caractère 武 dans sa forme dite "jiaguwen"



Si l'on met à part cette interprétation du roi Zhuang des Chu, la plupart des spécialistes actuels des caractères anciens (jiaguwen) s'accordent à dire que le caractère Wu / 武, est composé du pied (signification première de 止, qui veut également dire "arrêter, stopper) et de la hallebarde "ge" (戈), symbole de l'arme par excellence, et qu'il signifie  donc : aller, marcher / avec une hallebarde, une arme. Car le caractère wu existe dès l'apparition dès cette première forme d'écriture en Chine, que l'on appelle Jiaguwen et qui signifie "idéogrammes gravés sur omoplates de mouton et carapace de tortue". Ces objet rituels étaient ensuite jeté au feu et présentés au Shaman (wu / 巫) qui en interprétait les dessins formés par les craquelures dans une forme de divination.





Démonstration du Shoubo moderne créé par Yuan zumou sur la base de la lutte chinoise et ainsi nommé en référence à la discipline de l'antiquité aujourd'hui disparue




Pendant cette dynastie Han, la lutte est bien différenciée de la boxe qui est évoquée sous plusieurs noms. On écrit également sur cette forme d'affrontement, la lutte, qui sert aussi bien au champs de bataille qu'en compétition. Les annales des han citent un livre "shoubo" en 6 chapitres, dans sa bibliographie. Ce livre a disparu mais demeure le plus vieil écrit sur l'art martial à main nue. A cette époque, on parle également en utilisant l'expression : 空手入白刀 (kongshou rubaidao / affronter des lames aiguisées à main nue) ou bien 空拳入白刀 (kongquan ru baidao / affronter des lames aiguisées à poing nue).






Les 20 préceptes du karate, calligraphiés par Gichin Funakoshi




Nous pouvons noter ici, en aparté, que cette expression datant de la dynastie Han (206 av JC - 220) est probablement la référence littéraire utilisée par le célèbre Gichin Funakoshi, considéré comme le "père" du Karate japonais, afin de justifier le changement de caractère de Tote (唐手 / la main des Tang) en Karate (空手 / La main vide). Car le maître Funakoshi était reconnu comme un grand connaisseur des classiques chinois, qu'il n'avait de cesse d'étudier. On peut, par ailleurs, retrouver cette idée "d'affronter des lames à main nue" dans le 15e de ses "20 préceptes du karate" (karate nijukun) : "Les mains et les pieds sont comme des épées".

Pendant la dynastie Song, les démonstration d'arts martiaux se développent encore et se diversifient. Lin boguan estime que c'est à cette époque que sont véritablement apparue les différenciations en écoles. Dans la première partie de l'époque Song, l'art martial fut largement diffusé et enseigné dans les campagnes afin de renforcer la résistance aux attaques des peuples nomades aux frontières Nord. Il fallait que les techniques soient limitées en nombre et simple à retenir afin qu'elles puissent être diffusé au plus grand nombre. Il était préférable de connaître quelques techniques simples et de les répéter avec puissance, rapidité et précision et d'être capable de les utiliser face a quelqu'un plutôt que d'apprendre un éventail important de techniques compliquées. Mais, avec le développement des performances et des représentations d'arts martiaux, l'idée de se démarquer des autres commença à apparaître. Il fallait donner une représentation qui soit distrayante et qui sorte du lot. Ainsi, différentes écoles de représentation commencèrent à voir le jour et les techniques se multiplièrent en se diversifiant.



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