Mon parcours

J'ai débuté la pratique des arts martiaux par le karate Shotokan ryu lorsque j'avais 10 ans. Mon professeur, aujourd'hui 7e dan, fut un élève de taiji Kase à l'époque de ses cours à la montagne sainte geneviève, il représente aujourd'hui en France un très grand expert japonais, ancien cadre de la JKA.
Et c'est après 8 années d'étude de cette école que j'ai commencé à m'interesser au Qi ainsi qu'aux arts chinois dit "internes"...


Donc, après un court passage dans l'école wing chun de monsieur Didier Beddar (dont je suis resté un grand admirateur), j'ai débuté l'étude du Baguazhang ainsi que de différents neigong tel que la fameuse "posture de l'arbre". A cette même époque, j'ai démarré l'étude de la médecine traditionnelle chinoise ainsi que de la langue et civilisation chinoise à l'INALCO (Langues'O).
En 1996, j'ai rencontré Li jianyu par l'intermédiaire de jean luc Lesueur, son représentant. J'apprenais alors tout juste à parler chinois, que je baragouinais plus qu'autre chose, mais Li jianyu m'a proposé de lui rendre visite si je passais par Pékin, ce que j'avais déjà prévu de faire. Li jianyu m'avait particulièrement impressionné par sa fluidité, sa rapidité, sa grande vigueur à un age dèjà bien avancé (74 ans à l'époque). Il était vraiment en pleine forme physique et mentale, ne semblait pas avoir souffert de quelconque blessure; à vrai dire il semblait en plus grande forme que moi, jeune sportif de 20 ans ! De plus, il était un disciple direct du grand Wang xiangzhai, le fondateur du Yiquan / Dachengquan, auprès de qui il avait étudié pendant plus de 20 ans... J'ai été immédiatement séduit !



Je n'ai pas compris tout de suite l'étendue de la pratique du Yiquan, ce qui m'interessait à l'époque était la "maitrise de l'énergie interne". Il m'aura fallu 10 années de pratique pour comprendre que cet aspect "mystérieux" n'est qu'un emballage et que le contenu est bien plus profond et concret que cela.
Je n'utilise d'ailleurs jamais cette distinction "interne / externe" qui, selon moi, n'a pas vraiment lieu d'être (j'ai fait des recherches historique et contacté des universitaires spécialistes sur le sujet : leurs points de vues semble converger dans ce sens).
Donc, après ce premier contact, je me suis rendu à Pékin pour 6 semaines de cours dans une université, ce qui m'a permis de rencontrer Li jianyu chez lui plusieurs fois. J'ai pu faire sa connaissance plus amplement et découvrir son enseignement "à la chinoise" !


Je suis resté en contact avec lui à mon retour et l'ai vu en privé à chacun de ses passages en France, ainsi qu'à chacun de mes voyages en Chine : J'y suis retourné en été de la même année pendant un mois, puis un an en 1999, quelques mois en 2001 ainsi qu'en 2004, en 2005 pendant 3 semaines et j'ai passé la fin de l'été, l'automne et une partie de l'hivers 2006 la bas...
Pendant toutes ces années, j'ai gardé de très bonnes relations avec mon "grand frère" jean luc Lesueur qui avait déjà beaucoup oeuvré pour le développement du Yiquan en France en recevant des experts renommés comme Wang yufang et Cui ruibing et en en faisant venir d'autres (Li jianyu, notamment). Je lui ai servi d'interprète à chaque fois que je pouvais lui rendre service, ce qui m'a permis de devenir proche du maitre de lutte chinoise Wang wenyong, personnage hautement respecté en Chine et que je considère aujourd'hui comme mon "grand père chinois". Mais également de faire la connaissance de Wang shangwen, avec qui j'ai aujourd'hui de très bonnes relations.


Mes rencontres en Chine furent également très importante dans mon évolution : en 1999, j'avais rencontré Wang xuanjie quelques mois avant sa disparition ainsi que son élève Yu hongkun, qui vivait chez lui à cette époque. C'est donc tout naturellement que je me suis proposé à christian et michèle Ribert (fondateurs de la lutte contact) de leur servir d'interprètre lorsqu'ils firent venir ce dernier en France pour une série de stages. Après cela, les Ribert et moi sommes devenu de véritables amis et c'est à ce titre que je suis parti avec eux en été 2005 au Shandong pour rencontrer Wang shangwen, notre ami, lequel nous a extrêmement bien reçu !
Lors de mon séjour à Pékin en 2004, Wang shangwen m'avait prié de prendre contact avec son condisciple Li chenghua (élève proche de Wang xuanjie pendant 20 ans), lequel est devenu un de mes meilleurs amis en Chine et avec qui j'ai également beaucoup appris...


Et puis, parallèlement j'ai rencontré divers personnages du yiquan comme Chen yan, le fils de Chen zhihao (disciple de Wang xiangzhai); Wang yufang, bien évidemment (la fille cadette du fondateur); Chen zhengzhong, élève de Ning dazhuang (autre disciple de WXZ); Shi fengqi, élève de Yang demao (également disciple de WXZ) et monsieur Cui fushan, élève de Bu enfu (disciple réputé de WXZ et champion de Chine de lutte chinoise et de boxe anglaise), avec qui j'ai toujours de très bonnes relations.
Je n'ai jamais cessé, lors de mes séjours en Chine, de rencontrer des experts d'autres écoles, comme, à Jinan, le maitre Yan zijie du Meihuazhuang; Yu decai du Sanhuang paochui, qui m'avait particulièrement impressionné; ou bien encore Zhu baozhen, grand maître du Baguazhang ainsi que des experts de Taijiquan du style chen, de qixing taiji tanglangquan (boxe taiji de la mante religieuse à 7 étoiles); du Tongbiquan ...

En France, j'ai suivi plusieurs fois les stages de Guo guizhi et je lui ai servi d'interprète. J'ai donc eu plusieurs fois l'occasion de discuter longuement avec lui et de le questionner...
Je me suis donc, en quelques sortes, formé moi même. Dans le sens ou, même si l'enseignement de Li jianyu a eu une place importante dans mon éducation, ce sont mes diverses rencontres et recherches qui m'ont permis d'arriver où j'en suis aujourd'hui. Plutôt que de m'enfermer dans un enseignement en me disant : "cet expert a un grand niveau, il n'y a que lui qui puisse me transmettre cette école", je me suis rendu compte qu'il y avait une base commune et des centaines de façon de les exploiter : ce sont ces "interprétations personnelles" qui donnent une richesse à un art. Chaque expert a une façon de pratiquer différente en fonction de son degré "d'intelligence", de sa morphologie, de son expérience, de sa sensibilité... mais tous ont développé des capacités qui leur sont propre, des petits "trucs" personnels et c'est cette ouverture d'esprit, cette volonté de rassembler, qui avait amené Wang xiangzhai a créer son Yiquan !
En Chine, presque tous les experts ont le même discourt : "Personne n'a rien compris à cette pratique, il n'y a que moi qui sache véritablement comment faire".


Personnellement, je ne suis pas rentré dans ce système qui engendre les "guerres de clans". J'ai préféré partir de l'idée que si tel expert faisait telle ou telle technique de cette manière, c'est qu'il avait de bonne raisons de le faire ainsi et que si cet autre expert la faisait différemment, c'est qu'il avait d'autres raisons. Puis, j'ai essayé de comprendre les différentes motivations de chacun et après les avoir intégré, j'ai élaboré ma façon de pratiquer en fonction de mes propres aspirations...

Je dois ajouter que mes études de la langue et de la civilisation chinoise à l'université (7 années au total) ainsi que mes plusieurs long séjours en Chine m'ont particulièrement aidé à la compréhension de l'art martial chinois dans son aspect théorique, et ce, en raison des rapports très étroit qu'il entretient avec l'histoire, la géographie, la littérature et toute forme de culture liée à la civilisation de la Chine ancienne.

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