Qu'est ce que le Yiquan
Le Yiquan (se prononce I tchuan), également appelé Dachengquan (Ta cheng tchuan) est l'enseignement que nous a légué Wang xiangzhai (Wang hsiang djai), qui fut considéré comme un des plus grands maîtres de toute la Chine à partir des années 40.
Le maître Wang xiangzhai, après des années de recherche et d'étude aux quatre coins du vaste pays qu'est la Chine et après avoir côtoyé les plus grands maîtres de l'époque, fini par mettre au point, dès les années 30, une méthode d'enseignement basée sur des exercices anciens et quelque peu oubliés afin de permettre aux pratiquants d'arts martiaux d'assimiler l'essence de leur pratique.
En mettant tout d'abord l'accent sur l'exercice en position du pillier ou "posture de l'arbre" (Zhanzhuang), qu'il faisait parfois pratiquer à ses disciples plusieurs années avant d'aborder autre chose, son enseignement permet d'appréhender le difficile exercice d'assimilation du corps par l'esprit et du contrôle de l'esprit par le corps. Cet exercice fut longtemps considéré comme un secret de pratique par les maîtres des générations précédentes.
Dans la pratique de l'art martial traditionnel, dont l'héritage est plusieurs fois millénaire, le but est éloigné de toute forme sportive et se concentre sur un art de combat réel pour des situations où il est nécessaire de défendre sa vie. Dans ce contexte, le plus difficile est le contrôle de l'esprit car c'est lui qui va permettre au corps de s'exprimer ou pas. Dans un même temps, certains principes physiologiques d'unicité corporelle hérités de la science du combat antique chinois permettent d'exprimer une force importante sans utiliser la force musculaire pure, principes souvent attribués à tord aux arts dit "internes". En réalité, cette façon de faire fut à la base de tout art martial dans des époques plus anciennes et, s'étant perdu dans la plupart des écoles plus récentes, Wang xiangzhai avait décidé d'en rappeler les grandes lignes, qui sont universelles.
Ainsi, dans les années 40, il devint célèbre à Pékin puis dans le reste de la Chine pour son haut niveau de maîtrise (gongfu) de l'art martial. Son enseignement n'était pas basé sur la répétition d'enchainement complexes et de mouvements vides de sens mais sur la capacité à maitriser la force (Li). Laquelle est produite lorsque l'énergie est correcte (Qi ), l'énergie correcte étant le fruit d'une bonne coordination entre le corps (la forme extérieure / Xing) et l'esprit (l'intention / Yi).
Pour expliquer le principe de cette force naturelle issue d'une juste coordination du corps et de l'esprit, on utilise souvent l'image d'une mère qui sera capable de soulever une charge très lourde, qu'elle ne pourrait jamais lever en temps normal, pour en dégager son enfant si la vie de celui ci est en jeux. De même il est relaté que dans les centres psychiatrique, pour maîtriser une femme de 50 kilos entrant en crise de folie, il faut souvent plus de 4 hommes de bonne carrure...
Wang xiangzhai était capable de produire cette force naturelle dans les six directions de l'espace en même temps. Ainsi, qu'importe le mouvement qu'il exécutait, il devenait une technique redoutable. Selon les dires de ses disciples, sa détente et son relâchement étaient tels que lorsqu'il entrait en confrontation, cela ne durait qu'une fraction de seconde et, alors, pendant un très court laps de temps, son visage devenait méconnaissable et effrayant et son corps bougeait à une vitesse foudroyante. Tout ceux qui l'ont vu entrer en action, lors des différents défis qu'il a pu essuyer à l'époque, s'en souviennent encore et marquent une vive émotion lorsqu'ils évoquent ces anecdotes...
Ainsi, l'art de Wang xiangzhai fut nommé Dachengquan (la boxe de la grande réalisation) par certains de ses admirateurs et le nom fut utilisé pendant un temps par le maître lui même. Certains maîtres utilisent toujours ce nom aujourd'hui.
De la boxe Xingyiquan (Hsing i tchuan), qu'il avait perfectionné pendant de longues années dans la famille du célèbre Guo yunshen, Wang xiangzhai avait retenu la maxime : "Chercher la forme extérieure par l'intention, chercher l'intention par l'attitude extérieure, unir forme et intention" ( 以形取意、以意取形,形意合一 ) et en avait fait le pivot central de son enseignement.
Le Qi ( 氣 ) étant ce "quelque chose" situé entre le corps (yin) et l'esprit (yang) et faisant le lien entre ces deux entités indissociables, la pratique du Yangsheng constitue la clef de voute du travail sur le Qi qui permet à l'individu de trouver son unité.
A partir des années 50, le grand maître Wang xiangzhai enseigna publiquement l'art du Yangsheng au parc Zhongshan à Pékin. Il avait alors plus de 200 élèves qui suivait ses leçons quotidiennement. Il se faisait assister dans cette tâche par sa fille Wang yufang (récemment décédée à l'âge de 92 ans) ainsi que par son disciple Li jianyu (mon maître, aujourd'hui âgé de 90 ans). Constatant plusieurs cas d'amélioration de santé sur des pathologiques parfois lourdes, le maître Wang xiangzhai fut invité par le gouvernement à démarrer des recherches scientifiques sur sa méthode à l'hôpital de Baoding et le Zhanzhuang y fut même utilisé comme méthode de traitement pendant plusieurs années...
Malheureusement, la politique moderne de la Chine a éradiqué cette méthode de traitement et seul les quelques disciples encore vivants du maître Wang xiangzhai peuvent témoigner de l'efficacité du Zhanzhuang de part leur âge avancé...
NDLR : Pour les noms chinois j'utilise le "Pinyin", qui est le système de transcription officiel. A vocation international, ce système de transcription n'est pas du tout phonétique pour les français. Il doit retranscrire des sonorités qui n'ont pas d'équivalent dans notre langue. Par exemple, le r se prononce comme un j, le q se prononce comme le son "tch" fortement expiré, "zh" se prononce "dj"...
D'autres systèmes de transcription existent, comme le système Wades-Gilles, plus utile aux anglophones ou le système EFEO (Ecole Française d'Extrême Orient) qui fut longtemps utilisé par les sinologues français.
Malgré tout, ayant été formé à l'Institut National des Langues Orientales (Langues'O), j'utilise le système officiel (Pinyin) qui, j'en suis bien conscient, est assez déroutant pour les non-sinisants...
Le maître Wang xiangzhai, après des années de recherche et d'étude aux quatre coins du vaste pays qu'est la Chine et après avoir côtoyé les plus grands maîtres de l'époque, fini par mettre au point, dès les années 30, une méthode d'enseignement basée sur des exercices anciens et quelque peu oubliés afin de permettre aux pratiquants d'arts martiaux d'assimiler l'essence de leur pratique.
Le maître Wang xiangzhai, dans les années 30
En mettant tout d'abord l'accent sur l'exercice en position du pillier ou "posture de l'arbre" (Zhanzhuang), qu'il faisait parfois pratiquer à ses disciples plusieurs années avant d'aborder autre chose, son enseignement permet d'appréhender le difficile exercice d'assimilation du corps par l'esprit et du contrôle de l'esprit par le corps. Cet exercice fut longtemps considéré comme un secret de pratique par les maîtres des générations précédentes.
Dans la pratique de l'art martial traditionnel, dont l'héritage est plusieurs fois millénaire, le but est éloigné de toute forme sportive et se concentre sur un art de combat réel pour des situations où il est nécessaire de défendre sa vie. Dans ce contexte, le plus difficile est le contrôle de l'esprit car c'est lui qui va permettre au corps de s'exprimer ou pas. Dans un même temps, certains principes physiologiques d'unicité corporelle hérités de la science du combat antique chinois permettent d'exprimer une force importante sans utiliser la force musculaire pure, principes souvent attribués à tord aux arts dit "internes". En réalité, cette façon de faire fut à la base de tout art martial dans des époques plus anciennes et, s'étant perdu dans la plupart des écoles plus récentes, Wang xiangzhai avait décidé d'en rappeler les grandes lignes, qui sont universelles.
Ainsi, dans les années 40, il devint célèbre à Pékin puis dans le reste de la Chine pour son haut niveau de maîtrise (gongfu) de l'art martial. Son enseignement n'était pas basé sur la répétition d'enchainement complexes et de mouvements vides de sens mais sur la capacité à maitriser la force (Li). Laquelle est produite lorsque l'énergie est correcte (Qi ), l'énergie correcte étant le fruit d'une bonne coordination entre le corps (la forme extérieure / Xing) et l'esprit (l'intention / Yi).
Pour expliquer le principe de cette force naturelle issue d'une juste coordination du corps et de l'esprit, on utilise souvent l'image d'une mère qui sera capable de soulever une charge très lourde, qu'elle ne pourrait jamais lever en temps normal, pour en dégager son enfant si la vie de celui ci est en jeux. De même il est relaté que dans les centres psychiatrique, pour maîtriser une femme de 50 kilos entrant en crise de folie, il faut souvent plus de 4 hommes de bonne carrure...
Démonstration de l'aspect martial du Yiquan
Wang xiangzhai était capable de produire cette force naturelle dans les six directions de l'espace en même temps. Ainsi, qu'importe le mouvement qu'il exécutait, il devenait une technique redoutable. Selon les dires de ses disciples, sa détente et son relâchement étaient tels que lorsqu'il entrait en confrontation, cela ne durait qu'une fraction de seconde et, alors, pendant un très court laps de temps, son visage devenait méconnaissable et effrayant et son corps bougeait à une vitesse foudroyante. Tout ceux qui l'ont vu entrer en action, lors des différents défis qu'il a pu essuyer à l'époque, s'en souviennent encore et marquent une vive émotion lorsqu'ils évoquent ces anecdotes...
Ainsi, l'art de Wang xiangzhai fut nommé Dachengquan (la boxe de la grande réalisation) par certains de ses admirateurs et le nom fut utilisé pendant un temps par le maître lui même. Certains maîtres utilisent toujours ce nom aujourd'hui.
De la boxe Xingyiquan (Hsing i tchuan), qu'il avait perfectionné pendant de longues années dans la famille du célèbre Guo yunshen, Wang xiangzhai avait retenu la maxime : "Chercher la forme extérieure par l'intention, chercher l'intention par l'attitude extérieure, unir forme et intention" ( 以形取意、以意取形,形意合一 ) et en avait fait le pivot central de son enseignement.
Le Yiquan met donc l'accent sur l'utilisation de l'intention lors de la pratique, qu'elle soit statique ou en mouvement, d'ou le nom de cette "boxe chinoise" (Yi - 意 = intention, Quan - 拳 = boxe). Cette méthode entretient des relations étroites avec les grands courants de la pensée chinoise, aussi bien bouddhistes que taoïstes : les principes tels que "l'oublie de soi" et "l'entrée en quiétude" propre aux pratiques méditatives y sont largement abordés et y tiennent une grande importance. Ainsi, la pratique du Zhanzhuang est assimilée à l'art antique du Yangsheng (l'art de nourrir le principe vital), ancêtre du Qigong et origine de l'alchimie interne.
Le Qi ( 氣 ) étant ce "quelque chose" situé entre le corps (yin) et l'esprit (yang) et faisant le lien entre ces deux entités indissociables, la pratique du Yangsheng constitue la clef de voute du travail sur le Qi qui permet à l'individu de trouver son unité.
Le Maître Wang xiangzhai et son disciple Li jianyu dans les années 50 au parc Zhongshan
A partir des années 50, le grand maître Wang xiangzhai enseigna publiquement l'art du Yangsheng au parc Zhongshan à Pékin. Il avait alors plus de 200 élèves qui suivait ses leçons quotidiennement. Il se faisait assister dans cette tâche par sa fille Wang yufang (récemment décédée à l'âge de 92 ans) ainsi que par son disciple Li jianyu (mon maître, aujourd'hui âgé de 90 ans). Constatant plusieurs cas d'amélioration de santé sur des pathologiques parfois lourdes, le maître Wang xiangzhai fut invité par le gouvernement à démarrer des recherches scientifiques sur sa méthode à l'hôpital de Baoding et le Zhanzhuang y fut même utilisé comme méthode de traitement pendant plusieurs années...
Malheureusement, la politique moderne de la Chine a éradiqué cette méthode de traitement et seul les quelques disciples encore vivants du maître Wang xiangzhai peuvent témoigner de l'efficacité du Zhanzhuang de part leur âge avancé...
NDLR : Pour les noms chinois j'utilise le "Pinyin", qui est le système de transcription officiel. A vocation international, ce système de transcription n'est pas du tout phonétique pour les français. Il doit retranscrire des sonorités qui n'ont pas d'équivalent dans notre langue. Par exemple, le r se prononce comme un j, le q se prononce comme le son "tch" fortement expiré, "zh" se prononce "dj"...
D'autres systèmes de transcription existent, comme le système Wades-Gilles, plus utile aux anglophones ou le système EFEO (Ecole Française d'Extrême Orient) qui fut longtemps utilisé par les sinologues français.
Malgré tout, ayant été formé à l'Institut National des Langues Orientales (Langues'O), j'utilise le système officiel (Pinyin) qui, j'en suis bien conscient, est assez déroutant pour les non-sinisants...